Les fractures vertébrales (ou tassements vertébraux) concernent x patients par an en France. Elles sont le plus souvent liées à une ostéoporose sous-jacente (fragilité osseuse), parfois à une lésion tumorale fragilisante.
La fréquence des fractures ostéoporotiques augmente exponentiellement avec l’âge. Elles sont à l’origine de douleurs invalidantes, d’arrêt des activités et peuvent causer des troubles de la statique rachidienne par effondrement progressif de la vertèbre en l’absence de traitement.
Quel est le principe de la vertébroplastie/kyphoplastie ?
Vertébroplastie et kyphoplastie sont des interventions mini-invasives réalisées par un radiologue interventionnel.
La vertébroplastie consiste à injecter du ciment médical dans la vertèbre fracturée en vue d’obtenir sa consolidation.
La kyphoplastie est une variante qui consiste à gonfler un ballonnet dans la vertèbre en vue d’en restaurer une hauteur satisfaisante, avant de retirer le ballonnet et d’injecter du ciment.
Quels sont les bénéfices d’une vertébroplastie/kyphoplastie ?
Effet antalgique et reprise des activités : l’injection de ciment au sein d’une vertèbre fracturée permet une amélioration rapide des douleurs, permettant dans la grande majorité des cas une diminution voir un sevrage des médicaments antalgiques pouvant être à l’origine d’effets indésirables liés à la polymédication. La vertébroplastie permet ainsi une reprise rapide des activités, le plus souvent dès le lendemain de l’intervention.
Effet consolidateur : l’injection de ciment permet de consolider la vertèbre fracturée et ainsi d’éviter une déformation secondaire de la colonne vertébrale consécutive à la fracture. Lorsqu’elle survient, cette déformation (ou cyphose) peut être à l’origine de douleurs chroniques voire de nouvelles fractures.
Restauration de la hauteur vertébrale : via l’utilisation d’un ballonnet, la kyphoplastie permet de restaurer la hauteur vertébrale et de diminuer l’angulation de la colonne vertébrale secondaire à la fracture, lorsque la fracture est prise en charge suffisamment tôt.
Pour quels patients ?
Les fractures vertébrales récentes, d’origine ostéopototique le plus souvent, sont les principales indications de vertébroplasties.
Par extension, les fractures ostéoporotiques du sacrum peuvent également être traitées par cimentoplastie (sacroplastie).
Enfin, certaines tumeurs bénignes (angiomes) ou malignes (métastases) peuvent également bénéficier d’un traitement par cimentoplastie lorsqu’elles sont à l’origine de douleurs ou d’une fragilisation de la vertèbre.
Circuit patient et procédure radiologique en détail
- Quelques jours avant l’intervention, l’indication est confirmée par le radiologue interventionnel lors d’une consultation dédiée, après analyse d’une IRM rachidienne, qui permet de choisir le geste le plus adapté entre vertébroplastie simple et kyphoplastie, et d’expliquer au patient le déroulement de la procédure.
Il est indispensable de se présenter à la consultation de radiologie interventionnelle avec une IRM rachidienne déjà réalisée, à minima un scanner en cas de contre-indication à l’irm. Un bilan radiographique est insuffisant pour poser l’indication de vertébroplastie.
- Le geste est le plus souvent réalisé sous sédation ou anesthésie générale, impliquant une consultation d’anesthésie. En cas de contre-indication à l’anesthésie générale, l’intervention reste réalisable sous anesthésie locale, avec les mêmes résultats.
- Le jour de l’intervention, le patient est reçu au bloc de radiologie interventionnelle.
Après réalisation d’une sédation/anesthésie générale par le médecin anesthésiste, une imagerie de repérage est réalisée une fois le patient installé sur le ventre. Cette imagerie permet de définir le trajet optimal de la canule à introduire dans la vertèbre.
Après désinfection chirurgicale, une micro-incision cutanée permet au radiologue d’introduire la canule dans la vertèbre fracturée, sous guidage radiologique en temps réel.
Lorsque la canule est parfaitement positionnée, le ciment est injecté précautionneusement sous contrôle radiologique jusqu’à l’obtention d’un remplissage satisfaisant de la vertèbre.
En cas de kyphoplastie, un ballonnet est introduit via la canule, gonflé, puis retiré avant l’injection du ciment.
Le matériel est retiré avant la réalisation d’une imagerie finale de contrôle.
Le patient reste allongé et sous surveillance pendant l’heure qui suit la procédure.
Le retour à domicile est prévu le soir même dans la majorité des cas, le lendemain parfois.
Existe-t-il des complications ?
Les complications sont très rares, et le plus souvent asymptomatiques.
Comme pour toute intervention chirurgicale, il existe un risque d’hématome sur le trajet opératoire, ainsi qu’un risque infectieux.
Le risque propre aux vertébroplasties réside dans les fuites de ciment en dehors de la vertèbre. Ce risque est largement minimisé par l’injection de ciment sous contrôle radiologique en temps réel.
Après la vertébroplastie ?
Une IRM de contrôle et une consultation de suivi avec le radiologue interventionnel sont programmées à un mois du geste.
Une consultation en rhumatologie est également indispensable en l’absence de suivi antérieur, en vue de bilanter et de traiter une ostéoporose sous-jacente pour diminuer le risque de nouvelle(s) fracture(s).
Quelles sont les alternatives ?
L’alternative principale est le port d’un corset pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, et le recours à des médicaments antalgiques.
La vertébroplastie permet une diminution plus rapide des douleurs autorisant une reprise précoce des activités quotidiennes et un moindre risque lié aux effets indésirables des médicaments antalgiques.
Littérature scientifique
Vertebroplasty versus Active Control Intervention for Chronic Osteoporotic Vertebral Compression Fractures: The VERTOS V Randomized Controlled Trial, Dennis Carli and al , Radiology 2023 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37462495/